Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Blogs'in BoomBoomBay
16 avril 2010

Un peu plus près des étoiles...

Ca faisait quelques semaines que j’avais cet article en tête, mais faute de temps, il n’avait jamais vu le jour. Mais maintenant, vu les circonstances, je dois en parler aujourd’hui !

En fait, cette histoire, c’est plutôt l’histoire de mon amie Bilitis que la mienne. Je n’ai qu’un tout petit rôle dans tout ça.

Il y a quelques mois, Bilitis a été catapultée dans le monde du cinéma indépendant Indien et s’est retrouvée embarquée dans une aventure de 3 mois sur les contreforts de l’Himalaya, à Jamshedpur et à Shimla. Sa mission : faire le making-of du film « Udaan ». Pendant 3 mois, elle a donc disparu de Bombay, elle était là-haut dans le nord de l’Inde et elle est revenue avec des heures et des heures de rush à monter.

Devant l’ampleur de la tâche, elle m’a demandé de lui donner un petit coup de main pour la relecture de son script, la traduction et la mise en forme, histoire d’avoir un regard frais et totalement extérieur au film et à son entourage.

Plus tard, elle a encore fait appel à moi quand il a fallu enregistrer la voix- off du making-of. Comme une partie est en français, il fallait une autre paire d’oreilles francophones dans le studio, pour la reprendre en cas de mauvaises liaisons, de mots coupés ou bafouillés, d’intonation hésitante, et pour aider les ingénieurs du son à couper et monter la bande. Je me suis donc retrouvée quelques heures dans un studio d’enregistrement à Andheri à suivre la narration de Bilitis et indiquer les coupures aux ingénieurs du son. Bilitis était dans sa cage de verre insonorisée, elle lisait son texte, et de notre côté, sa voix nous parvenait, elle pouvait nous parler par-dessus, ce qui faisait un drôle d’écho, une Bilitis en stéréo ! Un peu déstabilisant les premières minutes puis on prend vite le pied. Moi, j’étais avec les ingénieurs du son, devant une console avec un millions de boutons qui clignotent un peu partout, on se serait cru dans le cockpit d’un avion.

Notre séance d’enregistrement a aussi été interrompue pendant une heure, quand l’acteur principal est venu doubler la scène principale du film, le climax, où Kalki Koechlin (une actrice franco-indienne qui a joué notamment dans DevD) nous sort toutes ses tripes. J’ai vu la scène au moins 35 fois, l’acteur reprenant tout, de la moindre respiration au petit déglutissement, les cris, les pleurs, les soupirs, tout est repris, réenregistré et enfin calé sur les images. C’était assez intense et très puissant.

Je me disais quand même que c’était assez dingue de se retrouver à cet endroit, à cet instant et que jamais, jamais, jamais je n’aurais eu une telle occasion en France. (ou peut-être si, si j’avais continué dans une autre voie après le lycée, mais ça, c’est une autre histoire…).

Et puis voilà, il ne restait plus que les sous-titres, deux-trois détails à régler et le film ainsi que le making-of de Bilitis seraient finis. Moi, j’étais juste super fière d’avoir mis la main à la patte pour la réalisation d’un film, même si c’est presque rien, c’est juste un petit plus qui me rend contente au fond de moi.

Et ce matin, je reçois un message de Bilitis…

«Udaan est sélectionné à Cannes, dans la catégorie "Un Certain Regard"»… !!!

(Je ne sais pas si on peut me voir sourire à travers l'écran du PC, mais là j'ai une banane jusqu'aux oreilles!)

Du coup, je reprends une petite phrase du making-of de Bilitis : « Udaan » veut dire « L’envol »… et je souhaite à toute l’équipe du film de vraiment pouvoir s’envoler et toucher les étoiles avec Udaan !

*****

Edit de fin de matinée:

Un article parlant de la sélection d'Udaan...

http://www.dnaindia.com/entertainment/report_india-s-udaan-chosen-for-cannes-shekhar-kapur-on-jury_1371793

******

Re-edit:

Ah bah Bilitis me dit que la scène de doublage que j'ai vue ne fait pas partie d'Udaan, mais de That Girl in Yellow Boots... Mea Culpa, j'ai encore rien compris, moi! Mais si on ne m'explique pas, je ne peux pas savoir!

Publicité
Commentaires
M
Ca me fait plaisir de voir que je ne fais pas complètement fausse route! C'est une angoisse permanente :D<br /> effectivement il paraitrait que le cinéma indépendant soit mort, ce qui est sûr c'est que les cinéastes de la Nouvelle Vague indienne (des années 1950 et 1970) ne tournent presque plus...<br /> mais je dirais qu'il y a un renouveau du cinéma indépendant, par contre dans une toute autre veine que celle de Satyajit Ray et compagnie. J'ai en tête Siddharth the Prisoner, et là je viens de découvrir deux autres projets que je classerais pour l'instant dans la veine indépendante et expérimentale : il y a un film qui va bientôt sortir en Inde "Avant-Garde Pythagoras Sharma" et un projet de trois ou quatre films collectifs réunis sous le titre "I Am" et porté par Onir... si tu veux des infos sur ces deux projets je pourrais retrouver les liens internet! <br /> Dernier exemple : un film, "Patang" je crois qui faisait appel au dons publics (comme certains projets en France) pour pouvoir être financé...c'est du côté du ciné indépendant je pense...<br /> J'étais toute folle d'avoir trouvé ces infos, ce sont tout à fait ce type de projets qui m'intéressent déjà en France (et auxquels je participe parfois hum hum), et c'est pas facile d'en trouver en Inde quand leur visibilité est limitée et cachée par les films commerciaux...<br /> <br /> pour les films semi-commerciaux, je suis du même avis, c'est ce qui passe le mieux, surtout en France, mais faut pouvoir amener les gens devant le film avant (et avec leurs tonnes de préjugés ce qui est moins cool)... et pour les dvd piratés, c'est pour ça que je n'achète plus aux boutiques de Paris, j'avais que des copies et aucune édition originale :(
B
Alors, ça y est, j'y vois un peu mieux!<br /> Bon, déjà, je n'ai pas vu tous ces films, bien que je les possède, mais mon lecteur DVD ne marche plus (graaah). Je vois très bien où tu veux en venir pour l'éclatement des frontières stylistiques pour Dev D et Omkara, les autres, comme je ne les ai pas vus, je ne peux pas trop me prononcer encore. Il est évident que cette génération de réalisateurs tente de dépasser tout ce qui a déjà pu être fait en Inde.<br /> Ensuite, en ce qui concerne le cinéma indépendant-indépendant, je crois que c'est extrêmement rare en Inde, voire même inexistant (mais je peux me tromper!), il faut donc se pencher, comme tu le fais déjà, sur les films semi commerciaux. Ce sont de toute façon ceux-ci qui voyagent le plus en dehors de l'Inde sur le circuit indépendant (hors, evidemment, les bollywoods piratés que l'on retrouve au 4 coins de la planète).
B
Ouhlala, attends, j'ai pas encore bu mon café du matin! Je repasse plus tard et je te dis ce que j'en pense!
M
En fait je me rends compte que je n'ai pas répondu à ta question :) le film de Pryas Gupta fait partie du cinéma indépendant, mais comme il est difficile d'avoir accès à ce genre de films, j'étudie des films qui se situe entre le commercial et l'indépendant ou entre le cinéma populaire et le cinéma parallèle...<br /> <br /> voili voilou
M
Effectivement le film semble bien différent des autres films et les critiques françaises donnaient envie de voir le film! <br /> <br /> Pour mes études, j'ai fait plusieurs travaux cette année (je finis la 2e année de Master) dont un sur Siddharth the Prisoner de Pryas Gupta où j'étudiais la notion de mutisme au cinéma. Sinon pour le mémoire, je me concentre sur un cinéma un peu plus "intermédiaire" même si je n'utilise pas ce mot. Le corpus était composé de six films : Chandni Bar et Traffic Signal de Madhur Bhandarkar, Black Friday et Dev D d'Anurag Kashyap et Omkara et Maqbool de Vishal Bhardwaj.<br /> Autrement j'ai aussi travaillé sur Kaminey (Bhardwaj) et Om Shanti Om pour un dossier de communication (pour changer un peu...). <br /> <br /> Et mon axe de recherche se focalise principalement sur l'hybridation des formes et l'éclatement des frontières stylistiques dans le cinéma hindi (à défaut de pouvoir voir des films des autres régions) contemporain... Qu'est-ce que tu en penses? J'aimerais beaucoup avoir ton avis! (vu qu'ici je ne peux pas avoir de grand retour car personne ne connait ces films...).<br /> Il y a aussi un lien avec le perception ou la vision du monde véhiculée dans les films (pour reprendre une expression de certains auteurs qui ont travaillé sur le cinéma en général comme Cavell ou Morin...) du coup je fais aussi un travail de comparaison entre ces films, ceux du cinéma populaire, et ceux du cinéma parallèle...<br /> <br /> Bon allez j'arrête là sinon je ne vais plus m'arrêter! :D<br /> J'ai vu que tu travailles comme traductrice, c'est pour des films ou séries tv ou pour des films qui sortent au cinéma? Ca m'a l'air très intéressant en tout cas :)<br /> <br /> Au plaisir,
Derniers commentaires
Publicité
Archives
Publicité