Un peu plus près des étoiles...
Ca faisait quelques semaines que j’avais cet article en tête, mais faute de temps, il n’avait jamais vu le jour. Mais maintenant, vu les circonstances, je dois en parler aujourd’hui !
En fait, cette histoire, c’est plutôt l’histoire de mon amie Bilitis que la mienne. Je n’ai qu’un tout petit rôle dans tout ça.
Il y a quelques mois, Bilitis a été catapultée dans le monde du cinéma indépendant Indien et s’est retrouvée embarquée dans une aventure de 3 mois sur les contreforts de l’Himalaya, à Jamshedpur et à Shimla. Sa mission : faire le making-of du film « Udaan ». Pendant 3 mois, elle a donc disparu de Bombay, elle était là-haut dans le nord de l’Inde et elle est revenue avec des heures et des heures de rush à monter.
Devant l’ampleur de la tâche, elle m’a demandé de lui donner un petit coup de main pour la relecture de son script, la traduction et la mise en forme, histoire d’avoir un regard frais et totalement extérieur au film et à son entourage.
Plus tard, elle a encore fait appel à moi quand il a fallu enregistrer la voix- off du making-of. Comme une partie est en français, il fallait une autre paire d’oreilles francophones dans le studio, pour la reprendre en cas de mauvaises liaisons, de mots coupés ou bafouillés, d’intonation hésitante, et pour aider les ingénieurs du son à couper et monter la bande. Je me suis donc retrouvée quelques heures dans un studio d’enregistrement à Andheri à suivre la narration de Bilitis et indiquer les coupures aux ingénieurs du son. Bilitis était dans sa cage de verre insonorisée, elle lisait son texte, et de notre côté, sa voix nous parvenait, elle pouvait nous parler par-dessus, ce qui faisait un drôle d’écho, une Bilitis en stéréo ! Un peu déstabilisant les premières minutes puis on prend vite le pied. Moi, j’étais avec les ingénieurs du son, devant une console avec un millions de boutons qui clignotent un peu partout, on se serait cru dans le cockpit d’un avion.
Notre séance d’enregistrement a aussi été interrompue pendant une heure, quand l’acteur principal est venu doubler la scène principale du film, le climax, où Kalki Koechlin (une actrice franco-indienne qui a joué notamment dans DevD) nous sort toutes ses tripes. J’ai vu la scène au moins 35 fois, l’acteur reprenant tout, de la moindre respiration au petit déglutissement, les cris, les pleurs, les soupirs, tout est repris, réenregistré et enfin calé sur les images. C’était assez intense et très puissant.
Je me disais quand même que c’était assez dingue de se retrouver à cet endroit, à cet instant et que jamais, jamais, jamais je n’aurais eu une telle occasion en France. (ou peut-être si, si j’avais continué dans une autre voie après le lycée, mais ça, c’est une autre histoire…).
Et puis voilà, il ne restait plus que les sous-titres, deux-trois détails à régler et le film ainsi que le making-of de Bilitis seraient finis. Moi, j’étais juste super fière d’avoir mis la main à la patte pour la réalisation d’un film, même si c’est presque rien, c’est juste un petit plus qui me rend contente au fond de moi.
Et ce matin, je reçois un message de Bilitis…
«Udaan est sélectionné à Cannes, dans la catégorie "Un Certain Regard"»… !!!
(Je ne sais pas si on peut me voir sourire à travers l'écran du PC, mais là j'ai une banane jusqu'aux oreilles!)
Du coup, je reprends une petite phrase du making-of de Bilitis : « Udaan » veut dire « L’envol »… et je souhaite à toute l’équipe du film de vraiment pouvoir s’envoler et toucher les étoiles avec Udaan !
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Edit de fin de matinée:
Un article parlant de la sélection d'Udaan...
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Re-edit:
Ah bah Bilitis me dit que la scène de doublage que j'ai vue ne fait pas partie d'Udaan, mais de That Girl in Yellow Boots... Mea Culpa, j'ai encore rien compris, moi! Mais si on ne m'explique pas, je ne peux pas savoir!