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Blogs'in BoomBoomBay
30 septembre 2009

Il ne faut pas me chercher...!

L'un des grands inconvénients en Inde lorsqu'on est une femme, de surcroit, étrangère, est que l'on est constamment harcelée, hélée, regardée et prise en photo par les hommes.

C'est extrêmement pénible et même si dans la grande majorité des cas, j'arrive à faire abstraction, il y a des jours où franchement, il ne faut pas me chercher! (Je vous préviens, il y aura des gros mots dans cette note).

Pour remettre les choses dans leur contexte, regardons un petit peu la vie des jeunes hommes indiens et la façon dont ils sont éduqués. Dans la grande majorité des cas (je ne parle pas de Bombay mais du reste du pays hors grandes 'Metros'), ces hommes sont très peu instruits, ne connaissent absolument rien aux relations hommes/femmes (généralement, ils ne cotoient que leurs soeurs, cousines, tantes) et les seules choses qu'ils pensent savoir sur les femmes européennes, ils les ont apprises en regardant Alerte à Malibu et des films X téléchargés sur internet. Dans un sens, la faute aux cultures occidentales de produire et véhiculer cette image de la femme.

Ce qui fait que quand ces jeunes hommes, allez, généralement entre 15 et 35 ans, pas mariés, frustrés et les hormones en feu, croisent une femme occidentale, ils pensent qu'ils ont toutes leur chance avec elle et vont directement leur faire des avances ou les prendre en photo.

Ce week-end, Indian Samourai et moi avons fait les frais et pas qu'un peu. Parce que nous sommes toutes les deux curieuses, ouvertes, que nous voulons découvrir et comprendre le pays dans lequel nous vivons et partager ces grands moments de fête que sont les festivals, nous sommes toutes les deux allées à Jagdalpur le soir pour célébrer Dassera. Comme d'habitude en Inde, grosse foule, une masse de gens et les questions qui fusent de tous les côtés "Which country?", "What's your name?", "Hello madam", "Madam, photo with my familly!", "Madam, you like India?"... C'est classique, on n'y échappe pas, on le sait, et dans la plupart des cas, c'est juste de la curiosité et on répond gentiment avec le sourire avant de s'esquiver.

Et puis il y a les autres, les groupes de mecs qui s'approchent de vous et vous regardent avec un air libidineux dégueulasse et tentent d'entamer la conversation. Ceux-là, direct, on les remet à leur place, on leur parle sèchement et on est limite aggressive avec eux. Pas d'autre solution, malheureusement.

A Jagdalpur, tout est monté graduellement. Nous avons d'abord eu une altercation avec un type qui nous prenait en photo avec son portable "Why do you take our photo? What are you gonna do with it?" "But madame, it's for my website..." (pas chié le mec, pour lui c’était tout à fait normal) Ton website mon cul oui, tu m'effaces cette photo tout de suite ou je prends ton téléphone! Evidemment, toute altercation amène son lot de petits curieux et nous étions repérées. Nous avons commencé à être suivies par une troupe de petits mecs, pas très âgés, qui nous suivaient en faisant des commentaires graveleux (je ne parle pas hindi, mais bon, hein...) et en disant, "Madam, fuck you, fuck you".

Blogi est d'une nature patiente.

Mais Blogi, faut pas la chercher et il y a des choses qu'elle ne tolère pas.

Mais alors pas du tout…

Au 25ème "fuck you", je me suis retournée, dans une colère noire, et j'ai choppé le premier petit con qui se trouvait derrière moi. Il m'a échappé et a tenté de s'enfuir, mais il s'est retrouvé coincé contre les barrières de sécurité et entre la foule. Je lui courais après, l'agrippais par la chemise, mais il glissait et s'échappait. Je ne lâchais pas le morceau, j'allais me le faire, celui-là allait payer pour les 2 ans de 'fuck you' que je me suis pris dans la figure. On bouscule la foule à contre sens, je le rattrape, et là, un autre homme qui me voit le poursuivre l'attrape par la gorge (littéralement) et commence à lui foutre des baffes. J'arrive, je lui fonds dessus et je le baffe aussi, je l'attrape par les cheveux et je lui hurle dessus pendant que je le tape: "What did you say??!!?? What did you say to my friend and me? Go on, repeat!! REPEAT!!!" Le pauvre gars se faisait pipi dessus, entre mes baffes, le type qui le tenait à la gorge, et la foule qui se formait autour de nous, il ne pouvait rien faire. Je regarde autour de moi, je repère une patrouille de police et je traine le gars par les cheveux jusqu'à la police. Je le leur balance et je leur explique la situation. Les policiers l'attrapent et me font signe de partir. TRES BIEN! OCCUPEZ-VOUS DE LUI!!!!

Et nous filons toute les deux, direction la voiture et notre chauffeur au bout de la rue. Il n'est pas là et nous attendons quelques minutes. On le voit débarquer vite vite vite "what happened madam?". Bon, ben il semblerait qu'il soit déjà au courant, et on remarque que le jeune homme qui m'avait aidé à attraper le petit con était encore là, il nous avait suivies pour s'assurer qu'il ne nous arriverait rien d'autre. Il explique tout à notre chauffeur et à un groupe d'hommes qui ne peuvent pas s'empêcher d'écouter l'histoire, et on sent le sang monter. Ca y est, ils veulent sauver notre honneur, aller se battre, retrouver les gars et leur donner une leçon. Ça sent la vendetta. Bon, les gars, non, non, ça va allez, hein, il y a eu assez d'histoires ce soir, on va en rester là, ok. Ok. Nous étions sur le point de repartir quand on voit notre 'sauveur' se faire prendre à partie dans la foule et se faire taper dessus. Le groupe de mectons qui nous avait importunées l'avait retrouvé et voulait régler leur compte avec lui. Ohhhhh putain! Je reconnais le petit mec dans le groupe et je gueule. Notre chauffeur et 3 mecs se mettent à courir après le groupe dans la foule. N'immmmmporte quoi! Ça aurait pu dégénérer en bagarre générale, mais ils n'ont pas réussi à les rattraper (et heureusement, je vous le dis...).

Moi, dans toute cette histoire, ce qui m'énerve vraiment, c'est évidement cette attitude des hommes envers les femmes occidentales (jamais ils ne se permettraient ce genre de comportement avec une indienne). Ils n'ont absolument aucun respect pour nous. Ensuite, tout le monde nous dit: "mais vous savez très bien comment c'est, les mecs sont comme ça, vous saviez que vous auriez des ennuis en allant là-bas." Mais CE N'EST PAS NORMAL que je ne puisse pas me promener dans une ville, le jour où on célèbre la Déesse sous toutes ses formes (si c'est pas paradoxal, ça aussi!) sans me faire insulter. Et en plus, je ne me promène pas en mini-short et débardeur, je porte une kurta, un pantalon long et j'ai même les cheveux attachés. Tu ne vas pas me dire que c'est moi qui ai provoqué, là! Oui, mais comme on ne peut pas changer l'attitude de millions de gens, c'est à moi de m'adapter et à ne pas sortir le soir. Quand on en vient à réduire ma liberté de mouvements et de déplacements, je me fâche, surtout si je ne fais rien de mal.

Rhalalalalala, what to do, hein? Ben rien. Continuer à gueuler, dans chaque ville, à chaque déplacement. Continuer à leur faire comprendre, de la façon la plus violente et agressive possible, qu'on ne parle pas à une femme comme ça. Mais je ne sais pas si ça marche. Généralement, dès qu'on tourne le dos après avoir crié un bon coup, on entend des petits rires narquois...

Restons zen... (et évitons de donner des baffes aux petits indiens... Même s'ils le méritent.)

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Commentaires
B
Je m'imagine très bien porter fièrement un tShirt moulant 'I'm not a whore/bitch/prostitute/Russian'... Oui, la classe. Internationale, même.
C
Je m'interrogeais d'ailleurs il y a peu sur la création d'une association "Les Blanches ne sont pas des putes" (avec T-shirt à l'appui, et tout et tout), ou quelque chose d'approchant.<br /> Mais en fait, quand dans ce pays, tenter de faire comprendre qu'il est nécessaire de traiter toute personne à la base comme un être humain et que ce combat-là est loin d'être gagné, j'ai laissé tomber...<br /> T. I. I. malheureusement.
B
Indeed Uncle, surtout qu'Aunty a malheureusement déjà connu ce problème. Et pour la leçon, il faut qu'elle vienne de la femme, pour que l'homme soit encore plus humilié (mais en fait, ils ne comprennent pas, ce qui est encore plus frustrant...).<br /> En tout cas, on s'en passerait bien de donner des leçons!!!
U
Auntie et Pikh auront pu entendre pendant qu'Uncle lisait cet article: "oh merde....oh lalalala...trop fort...tain le truc de ouf!"<br /> <br /> That's EPIC! Dommage qu'il faille en venir aux mains, mais j'aime beaucoup le concept de la bonne leçon.
B
Rhooooo, bah c'est que j'ai oublié de mettre ma blogroll à jour! bon, j'te rajoute, allez, j't'aime bien quand même!
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