Au revoir doctor.

C'était mon propriétaire, mon voisin et mon médecin.

Il faisait partie de mon quotidien. Il s'est fait happer par un train lundi après-midi. Un drame comme il en arrive tous les jours à Bombay, c'est presque une routine ici. Les gens plaisantent même sur les statistiques du nombre de morts chaque jour/semaine/mois sur les deux lignes de trains qui traversent Bombay du nord au sud.

Tout à coup, je peux mettre un visage, une personne sur ces 'statistiques' et c'est terrible.

Il laisse une femme et deux filles, toutes les deux encore étudiantes. Je n'avais encore jamais vu personne en tel état de choc que ces trois femmes mardi soir. C'est assez déstabilisant. J'espère, j'espère vraiment (et je croise les doigts), qu'il avait pris ses dispositions pour que leurs vies ne prennent pas un tournant encore plus dramatique.

Je ne croiserai plus le petit docteur dans mon couloir en partant travailler le matin. Je ne lui ferai plus mon rituel coucou de loin lorsqu'il prend le frais sur le pas de sa clinique le soir:

"Hello doctor, how are you today?

- I'm fine, I'm fine and you, how are you? Not feeling too hot?"

Il y a quelques jours encore, on discutait de repeindre ma cuisine, de Diwali et de l'électricien qui passerait chez moi pour installer toutes les lampes et les décorations à ma fenêtre pour les fêtes. Là, du coup, je n'ai plus trop envie de faire la fête, justement.

J'ai le coeur gros depuis mardi à chaque fois que je passe devant son appartement et sa clinique. Ca va passer, la vie va reprendre son cours et la routine va se réinstaller petit à petit.

C'était juste un petit monsieur pour qui j'avais beaucoup de respect.