Un dimanche en ville

Dimanche, j’ai quitté ma grande et lointaine banlieue d’Andheri  West pour descendre sur Colaba, le point le plus au sud de la ville.

Ici, à Bombay, les gens qui habitent dans le nord de la ville descendent rarement vers le sud, ils s’arrêtent généralement à Bandra, qui est le nord du sud (enfin, si vous me suivez…). Descendre,  c’est toute une expédition, que ce soit par la route ou par le train. Et dans mon cas, j’avais plus que sous-estimé le temps qu’il me faudrait pour me rendre de chez moi à la gare d’Andheri et d’acheter mon billet de train. Tous les guichets étaient assaillis par plus de 50 voire 70 personnes (c’est quoi tous ces gens à la gare un dimanche???) Bon, ben ya plus qu’à faire la queue…  Ce qui fait que évidement, j’étais en retard de 30 minutes en montant dans le train.

Bon, 30 minutes, ici, ce n’est pas en retard, c’est même à l’heure. Mais ça devient plus gênant quand on doit retrouver des amis pour aller voir un film au cinéma et qu’on a seulement une vague idée de l’endroit où se trouve le ciné. Ben vlà, c’est tout moi ça! Je préviens mon ami Dilip par texto, qui me répond «Not a problem, I’m next to Churchgate (la gare centrale), I’ll pick you with my bike.» Youhou! Une moto! Trop cool, je vais refaire un tour de moto! A Colaba en plus, cte claaaasse! Yes! Yes! Yes!

Bon, je te raconte pas ma tête quand je l’ai vu arriver avec son casque blanc à pois noir imitation vache sur un vieux scooter… 

Mais c’est pas grave! C’est encore plus drôle!!! Hop, en selle, direction le cinéma, dans un Colaba désert un dimanche midi, les gamins jouaient même au cricket dans les lanes, spectacle inconcevable en semaine. Colaba, et Nariman point, où nous étions, est le quartier des affaires et des ambassades, donc  effectivement, le dimanche, c’est un peu dead-zone par là-bas. Autant pour nous, ça rend la balade encore plus agréable! Zoom zoom zoom by the sea, sur Marine Drive, en plus il fait super beau et clair, la vue sur la baie est complètement dégagée, pas de smog, pas de pollution, c’est nickel!

Au ciné, on retrouve deux autres amis de Dilip, un petit anglais tout timide qui travaille pour une GROSSE compagnie aérienne, et une américaine prof à l’Ecole Américaine de Bombay. Un petit monde très sympathique, tout comme Taare Zameen Par, le film que nous sommes allés voir (cela confirme ma théorie que Amir Khan est un acteur intelligent, qui sait très bien choisir ses films et ne tourne rien qui n’en valent pas la peine). Ensuite, direction The Tea Room, un ancien vestige du temps des anglais pleins de scones, de cream et de confiture pour manger notre lunch à 17h (cherchez pas, on est à Bombay). On a discuté cinéma, voyages, un peu boulot, adaptation à la vie en Inde, où acheter du bon fromage, mise en place de groupes de discussion et de lecture en anglais pour les petits indiens qui apprennent l’anglais à l’école mais ne parlent que Maharathi ou Hindi (ou tout autre langue du pays) en rentrant à la maison, création d’un système de bibliothèque pour ces mêmes enfants… Ca me change de mon quotidien, et ça fait énormément de bien! Et ça fait plaisir de voir enfin quelques personnes qui s’investissent et cherchent des solutions pour venir en aide aux autres. C’est une qualité on ne peut plus rare ici où la politique du chacun pour soi domine.

Et puis c’était l’heure de rentrer. Dilip me propose: soit je te dépose à la gare, soit je peux t’emmener jusqu’à Santa Cruz et tu prends un rickshaw pour le reste de la route.  Rhooo, le scooter! le scooter! le scooter!  Et c’est parti pour une balade de 30 minutes le long de la côte, juste à l’heure du coucher de soleil, avec en plus les commentaires touristiques de Dilip, les anecdotes, les trucs à voir spécialement sur la route. Le pied ! En plus jusqu’à Bandra, il n’y avait presque personne sur la route, on était tout cool, pénards à profiter de la balade…! Ce sont des instants que j’apprécie le plus ici. L’impression d’être en vacances et d’être libre. Profiter juste de l’instant présent et - j’allais écrire respirer à pleins poumons, mais bon, ça, ce n’est pas vraiment conseillé dans les rues de Bombay!!

Et puis après, il y a le coté n’importe quoi du truc qui te rappelle que oui, tu es en Inde et ici, c’est n’imp!

Pour choper un Rickshaw pour rentrer, il fallait aller jusqu’au fly-over de Bandra (genre d'autoroute de contournement du quartier), parce que les Rickshaws n’ont pas le droit d’aller plus bas en ville. Ils sont donc tous agglutinés dans ce secteur, prêts à partir vers le nord. Dilip me dit, je monte sur le fly-over jusqu’au rickshaw stand et je te laisse, je ne pourrai pas m’arrêter. Ok!
Et effectivement, tout s’est fait en moins de 10 secondes. Rickshaw en vue, freinage sur le bord l’autoroute, je saute du scooter, Dilip donne les instructions au chauffeur, et zooooooom, le revoilà parti! Et moi aussi!