In indian hospitals only!
Ce soir, j’ai testé pour vous… L’hôpital indien!
Nan, nan, rien de bien grave, faut pas se biler, juste un mal de dos terrible depuis quelques semaines qui me bousille un peu la vie. Marre de ne plus pouvoir me baisser, me pencher en avant et rester assise plus de 10 minutes sans avoir envie de hurler. Il n’y a que marcher qui me fait du bien… Avec un travail de patachon comme le mien où j’ai le nez collé sur le PC 8h par jour, j’étais bien embêtée. Une solution à tout cela aurait été de me faire greffer un PC ultra-light sur le bout des mains pour que je puisse marcher toute la journée, mais bon, il faut admettre que ce n’est pas si pratique que ça finalement.
Ce matin, le coup de grâce fut porté. Devant mon incapacité de me pencher de ma chaise pour brancher mes écouteurs sur la tour qui se trouve sous mon bureau (et sa conséquence, i.e. moi à 4 pattes par terre sous le bureau), j’ai crié : « BAS!!!! ça suffit!!! » Après enquête autour de moi, je trouve le numéro d’une physiothérapeute à Juhu et j’appelle direct. Je lui explique que je ne peux passer qu’après les horaires de bureau et elle me dit pas de problème, mon cabinet sera fermé mais j’ai une permanence à l’hôpital jusqu’à 19h.
Coooool. J’arrive! (tu sais même pas comme tu me sauves la vie, madame!)
Je me retrouve donc dans un petit hôpital de Juhu qui ne paie pas de mine (entre le Crêpe Station - vi, vi, une crêperie à Mumbai - et la maison d’Amitabh Bachchan, si tu veux tout savoir). Ce n’est pas vraiment le summum de l’équipement et de la modernité. Hummmm, que je me dis. Bon, on verra. De toute façon, je viens pour mon dos, pas besoin d’un truc moderne pour ça.
La physiothérapeute s’avère être presque aussi jeune que moi, très consciencieuse, pose plein de questions, se renseigne sur le mobilier au bureau (oh my god, you’ve got chairs like that? These are just the worst for people working on computers!!! – I know, I know, we’ve told our management when they ordered them, but they just did not listen to us…), et puis elle ne perd pas de temps pour me montrer les exercices de rééducation et me brancher le dos à des électrodes qui font guili-guili et d’autres après qui chauffent agréablement le dos. C’est presque aussi agréable qu’aller dans un spa, tiens!
Tout ça se passe dans une pièce où tous les autres patients de la physio peuvent entendre tout ce que tu dis au médecin ou apercevoir ce qu’il se passe dans ta petite cabine. Par exemple, moi je sais que le monsieur avec la chemise rouge était là pour un problème de motricité du bras, celui à la chemise à rayures sur la chaise pour le même problème de dos que moi, et puis il y avait un autre monsieur dans une autre cabine, mais celui-là j’ai pas su pourquoi il était là, et puis un autre qui faisait des exercices pour le dos aussi. En fait, il n’y a aucune notion de secret médical et d’intimité ici. Le médecin discutait des problèmes de ses patients (et donc des miens aussi) devant tous les autres. J’ai halluciné quand je me suis retrouvée à son bureau, qu’un patient est arrivé derrière moi et qu’elle a discuté de son cas ouvertement par-dessus ma tête. Aucune gêne, c’était on ne peut plus normal. Tu me diras, personne ici n’avait de maladie honteuse, on est tous là pour plus ou moins la même chose!
Donc, voilà, ça, c’est la partie physio. Après, juste s'assurer que je n’ai pas un problème de disque ou de colonne, elle m’envoie faire une radio.
Hop hop hop, on me guide à travers les couloirs jusqu’au service de radiologie. En route, je croise pas mal d’employés qui ne pratiquent pas de métiers ‘médicaux’, comme des brancardiers où des assistants de médecins comme celui qui m’amène faire des radios. Tous m’ont l’air d’être assez peu éduqués, on leur a fourni des uniformes trop grands ou trop petits, rapiécés… Ca ne donne pas vraiment une bonne image à l’établissement, mais j’imagine qu’il y a 100 fois pire en Inde. Ce ne sont que des détails en fait, et dieu sait que les Indiens ne sont guère pinailleurs et à cheval sur les détails (and he’s only the wallah,who cares? Why should we invest in him?). C’est vrai, qu’est-ce que ça peut bien faire si l’assistant un trou dans sa chemise si le médecin est compétent?
Au service de radiologie, un tout petit bonhomme à moustache dans une blouse trop grande pour lui me dit en hindi de patienter 5 minutes en levant la main avec les doigts regroupés à la hauteur de la bouche. Panch minute, madam’. C’est une gestuelle typiquement indienne. Houuuuu lààà. Si le radiologue utilise des gestes de personnes pas très instruites, je sens qu’on va rigoler!!! Je n’ai vu que des chauffeurs de rickshaw faire ce geste jusqu’à aujourd’hui. Je me rends aussi vite compte que le radiologue ne parle pas vraiment anglais. Ca va être drôle, ça va être drôle! (et je ne suis même pas ironique, je m’attendais vraiment à bien me marrer, j’arrive toujours à trouver ce genre de situation assez comique.) Je me marrais aussi déjà parce que je venais de constater que mon médecin n’avait écrit que mon prénom sur l’ordonnance et que le radiologue m’inscrivait religieusement dans son carnet avec seulement mon prénom. J’ai voulu lui donner mon nom de famille, mais non, non, pas besoin. Heureusement que je ne m’appelle pas Vidya, Smeetha ou Priyanka, sinon je ne te dis pas les confusions dans les dossiers!
En attendant, je patiente donc, et je découvre le cabinet de radiologie et échographie. Au mur, de grandes affiches rappellent que nous sommes dans un pays où il est interdit de dire aux parents de quel sexe sera leur futur enfant, les risques encourus allant jusqu’à 3 ans de prison et 10000 roupies d’amendes (+/- 1500 euros).
(J’ouvre ici une parenthèse digressive…)
Les problèmes liés à la naissance de filles sont encore très grands en Inde. Il y a encore beaucoup de gens pour qui la naissance d’une fille représente un fardeau et une perte financière énorme. Bien que la pratique des dots soit officiellement abolie, certaines traditions perdurent et ne sont pas prêtes de disparaître. Pour beaucoup, une fille est une bouche à nourrir à perte puisque contrairement au garçon, elle quittera sa famille pour celle de son mari, alors que le garçon, lui, restera et subviendra aux besoins de ses parents lorsqu’ils se feront vieux. Ce schéma est encore très courant dans les campagnes et les familles modestes. Cette loi a été instaurée pour éviter les avortements sélectifs suite à la découverte du sexe du bébé (mais cela n’empêche malheureusement pas les infanticides à la naissance… J’avais lu un article sur ce sujet, dans ‘May you be the mother of a thousand sons’, je crois, mais ma mémoire me fait un peu défaut sur ce coup-là). Du coup, en Inde, personne ne sait s’ils vont avoir une fille ou un garçon. Pas de tricotage de layette rose ou bleu. Tout le monde attend impatiemment la naissance pour savoir quelle couleur de grenouillère acheter!
(Fin de la parenthèse…)
Je me demandais donc pourquoi le radiologue me faisait patienter ainsi alors que visiblement j’étais la seule patiente et qu’il n’y avait personne sur les machines… Ah bah j’ai vite compris pourquoi. C’est parce que le radiologue est un monsieur. Et qu’un monsieur radiologue ne peut pas faire de radio à une mademoiselle patiente s’il n’est pas accompagné d’une madame assistante (ben vlà!!!). On ne sait jamais, je pourrais lui sauter dessus… Ahhahaha, je rigole! Et je rigole encore plus lorsque je comprends que je n’ai pas à me déshabiller pour faire ma radio du dos (Ah bon???). Ah si, je porte un jean, c’est problématique, il va falloir l’enlever. On me donne une blouse aussi couvrante qu’une bourka et on me dit de m’installer dans d’incroyables positions pour prendre plusieurs clichés. Pendant tout ce temps là, madame l’assistante (qui ne portait aucune protection contre les rayons et restait dans la salle pendant les prises de clichés…) surveillait et remontait les pans de ma blouse qui glissaient de temps en temps et laissait entrevoir un petit peu mon genou ou mon mollet. Incroyable!!! J’avais un vague souvenir traumatisé d’une radio du dos de quand j’avais 13-14 ans où je m’étais retrouvée à poil devant tout un cabinet de radiologie et où ont m’avait traitée de chochotte (véridique) (bande de nœuds!). Ah bah ça n’avait rien à voir je peux vous le dire!!! Aucun traumatisme constaté cette fois-ci! Madame l’assistante est restée avec moi jusqu’à ce que je m’en aille pour s’assurer de ma sécurité. C’est vrai que devant un mini-pousse à moustache, je ne fais pas le poids!
Ensuite, ben c’est tout en fait. Demain je récupère les radios. Yes madame, tomorrow only. Héhéhé, on verra si elles sont prêtes…
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F03%2F20%2F385761%2F65710373_o.jpg)
/https%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F87%2F45%2F385761%2F64835644_o.jpg)